Skiathos, un paradis dans l’archipel des Sporades


Écrit par Blažo Guzina, sous un parasol sur une plage parsemée de diamants

                                                 

 

Skiáthos (en grec : Σκιάθος) est l’une des îles des Sporades dans la mer Égée, à l’est de la péninsule du Pélion, à l’ouest de Skopelos. Il mesure environ 12 km de long et jusqu’à 6 km de large. Le long du littoral modérément découpé de 44 km, il y a 65 plages. 

Administrativement, Skiathos constitue un déme (municipalité) de la périphérie de Thessalie, dans le district régional des Sporades.

L'île regorge de forêts de pins méditerranéens centenaires, de maquis et d'autres végétations luxuriantes, de vignobles, d'oliviers, de figuiers, d'amandiers, d'eucalyptus et de lauriers roses, au milieu de 750 espèces de plantes, de fleurs et d’herbes médicinales.

Le climat est méditerranéen, agréable même lors des journées d'été les plus chaudes, grâce à la brise marine.

L'agriculture est une activité traditionnelle, notamment la culture des amandiers, des olives et de la vigne. Des terres agricoles sont présentes autour des principales agglomérations de l'île.

L'île est dépourvue d'usines, d'ateliers et de toute source de pollution atmosphérique ou environnementale. Aujourd’hui, la principale branche de l’économie est le tourisme. L'île est considérée comme une île à la mode, mais aux prix abordables.

Skiathos doit ce nom au fait que, selon les anciens, elle se situe à l'ombre du mont Athos (Skia – ombre – Athos).                                                                                                                               

Avec les îles de Skopelos et d'Alonissos, Skiathos fait partie du parc national de Marina, qui abrite de nombreuses espèces animales rares, oiseaux, poissons et dauphins, dont le plus célèbre est le dernier habitat méditerranéen préservé des phoques.

La ville principale, Skiathos, aussi appelée Chora (5 000 habitants) est située à l'est de l'île, près de l'aéroport. La ville a été fondée vers 1830 sur le site d'un village de pêcheurs et de constructeurs navals. Ses deux ports sont situés de chaque côté de la péninsule de Bourtzi, où l'on voit encore les ruines de l'ancienne forteresse. 

Les autres principales agglomérations sont Kalyvia (312 habitants), Troullos (158), Χanemos (143), Koukounaries (119) et Achladias (118 habitants).

Un coup d’œil sur l’Histoire

Les découvertes archéologiques attestent que Skiathos était habitée depuis le 11ème siècle avant JC.
En 480 av. J.C., Xerxès, le puissant roi de Perse, ancra sa flotte à Mandraki (alias le port de Xerxès) lors de la deuxième invasion perse de la Grèce, lorsque son avance fut entravée à la passe étroite des Thermopyles, sur le continent en face de l’île, par l’intrépide Léonidas et ses Spartiates.
Finalement, Thémistocle remporta une victoire décisive contre les Perses lors de la célèbre bataille navale de Salamine. Si l’issue avait été en faveur de Xerxès, l’avenir de l’Europe aurait certainement été radicalement différent et la littérature grecque antique aurait très probablement été perdue.
Au Moyen Âge Skiathos a été occupée par les Vénitiens de 1204 à 1276. Une période d’occupation byzantine (1276 - 1453) et une seconde occupation vénitienne (1453 - 1538) s’ensuivent.

À partir du milieu du 14ème siècle, la forteresse Kastro abritait les insulaires pendant cinq siècles (1350 - 1829), lorsque, en raison de la menace des pirates, ils ont abandonné leurs anciennes colonies et se sont sécurisés derrière ses murs.

De 1538 à la guerre d'indépendance grecque de 1821, Skiathos était sous le joug Turcs.

Les habitants sont fiers que le drapeau grec ait été créé et hissé pour la première fois à Skiathos, au monastère d'Evangelistria, en septembre 1807. 

Transporte communale 

Il existe trois lignes de bus sur l'île. La ligne principale relie la ville aux célèbres plages dorées de Vassilias, Achladies, Asenlinos et Agia Eleni. L'île compte 26 arrêts, dont le 26 dessert les célèbres plages de Koukounaries et de Banana, situées à proximité. Cette ligne est desservie par une flotte de cinq autocars, avec une fréquence pouvant atteindre cinq fois par heure pendant la haute saison estivale, mais avec une fréquence nettement réduite en hiver.

La deuxième ligne part de la ville et dessert le monastère d'Evangelistria toutes les heures, et la troisième dessert Xanemos, sur la côte nord, avec jusqu'à six allers-retours quotidiens, tous deux assurés par des minibus. 

En dehors de la ville, outre la forteresse de Kastro et le monastère d’Evangelistria, mentionné plus haut, il y a de nombreuses églises, des vignobles, des vergers, des fermes, un club équestre et un terrain d’élevage d’ânes.
Ces dernières années, de plus en plus de restaurants et de tavernes ont été ouverts sur les hauteurs surplombant les îles environnantes.

L'animation se concentre autour de la ville où bars et restaurants investissent les trottoirs du vieux port et de la rue Papadiamanti, principale artère piétonne, ainsi que le labyrinthe de ruelles. Entre la ville et l'aéroport, on trouve de nombreux clubs de plein air en bord de mer.

La promenade le long du port des ferries mène de la péninsule de Bourtzi jusqu'à la périphérie de la ville, avec le terminus des bus. Poursuivant leur promenade le long de la baie, les curieux se dirigent vers la piste d'atterrissage toute proche. L'aéroport de Skiathos est devenu une destination prisée pour ceux qui souhaitent observer de très près les spectaculaires décollages et atterrissages des avions.

Le départ de la piste se trouve sur la côte, et même s'il ne faut pas s'approcher trop près de la clôture au risque d'être blessé ou projeté à la mer par les gaz d'échappement des moteurs, c'est précisément ce danger alimenté par l'adrénaline qui attire les plus audacieux.

D'ailleurs, les passionnés d'aviation peuvent le faire de manière plus sûre et plus confortable depuis la péninsule de Bourtzi susmentionnée, directement sur la piste d'atterrissage. Comme il y a un restaurant au bord de la péninsule, probablement de l'endroit le plus attrayant de la ville, les clients regardent bon gré mal gré les avions en vol à basse altitude, une minute avant l'atterrissage. 

Vue sur les toits de la ville jusqu’au vieux port


                             
        Plan du centre-ville              


L'écrivain Alexandros Papadiamantis, surnommé le saint de la littérature grecque contemporaine, est né et s'est créé dans la ville dont la maison natale est aujourd'hui un musée. 

La maison où le grand écrivain a vécu et est mort,

peinture de Milena Tomanović

 

Alexandros Papadiamantis, le « moine mondain » de la littérature grecque,

peinture de Dragan Cvetković


La rue principale, qui relie le pied de l'Acropole (arrêt de bus 4) à la promenade de la jetée, le quartier le plus visité de la ville, porte son nom. 

Sites d'intérêt de la commune : 

Église de Panaghia Limnià, construite en 1837, église de Tris Ieràrches, péninsule de Bourtzi, maison Papadiamantis – Musée. 

Sites d'intérêt de l'île : 

Château médiéval (Kastro), Saint Monastère d'Evangelistria, Ancien Monastère de Panaghia Ekonistria, Ancien Monastère de Panaghia Kechrià, Église byzantine du Christ (dans le Château). 

Plages : Koukounaries, Lalaria, Banana, Xanemos, Megali Ammos, Achladies, Vromolimnos, Agia Paraskevi, Troulos, Asselinos (petit et grand), Maratha, Mandraki, Limani tou Xerxi, Kechria, Kastro, Tsougria (île). 

Plage de Koukounaries 

Le terminus (numéro 26) de la ligne de bus municipale se trouve à l'ouest de l'île, près des célèbres plages de Koukounaries et de Banana, à proximité. Koukounaries signifie « pomme de pin » et rappelle que la plage (environ 2 km de long) est entourée d'une pinède dense. Considérée comme la plus belle de Skiathos, elle figure chaque année en bonne place dans les classements et les évaluations des touristes satisfaits du monde entier. L'eau turquoise est cristalline et la plage est ornée d'un sable fin et scintillant. L'île est d'origine volcanique, donc le scintillement du sable provient de minuscules cristaux, qui donnent à la plage l'impression d'être parsemée de diamants.

Elle est extrêmement visitée, ce qui en juillet et août n'est pas agréable pour les amoureux de longue date de Skiathos en raison de la foule, donc beaucoup viennent soit à la mi-juin, soit au début de septembre.

Elle est idéale pour tous les âges et chacun peut y trouver quelque chose à son goût et à ses envies avec divers sports nautiques, du parapente, ainsi qu'aux restaurants, tavernes, bars et magasins. Un massage est même proposé, sur place, sous un parasol. C'est ce que font les Chinois, le personnel des restaurants à proximité, pendant leur temps libre.

Sur la plage bordée d'une forêt dense se détache la couronne d'un pin poussant sur le sable au bord de la mer. Le pin est appelé l'arbre serbe, car les touristes serbes sont le plus souvent sous son ombre, occupant généralement la place dès le petit matin. 

Plage de Koukounaries


Plage de Koukounaries, vue depuis l’hôtel Skiathos Palace 


Au cinéma : 

Skiathos et sa voisine Skopelos ont été les lieux de tournage du film Mamma Mia en 2008. 


La péninsule de Bourtzi et l'îlot de Tsougria 


L'île Boomerang 

Depuis des années les visiteurs les plus nombreux et les plus fidèles de l'île, qui reviennent chaque été, sont les Britanniques. Les Britanniques l'ont donc judicieusement appelée l'île « boomerang ».

Mais, comme une exception qui confirme la règle, il y a ceux qui le visitent une fois et ne le reviennent plus jamais. Parmi eux, s'agissant des Anglais, les plus célèbres, les Beatles, lui ont rendu visite une fois. Les lignes suivantes en témoignent.  

Quand les Beatles voulaient acheter une île 

(Extrait du livre – Blažo Guzina : Les Beatles, Ma propre histoire de conte de fées, Comment je me suis lâché du communisme, grâce aux Quatre garçons dans le vent)

Au milieu de l'été 1967 plongeant au plus profond de l'océan de l'idéalisme hippie, les Beatles se laissent emporter par l'idée de créer leur propre petit paradis hippie, où ils pourraient travailler et composer sereinement. Ils ont entamé des discussions sur la possibilité d'acheter une île grecque.

À cette fin, ils ont décidé de se rendre en Grèce.

George Harrison et Ringo Starr sont allés les premiers, le 20 juillet, et John Lennon et Paul McCartney deux jours plus tard. Ils sont restés en Grèce jusqu'à la fin du mois. 

Lorsque l'avion en provenance de Belgrade prend la ligne de descente vers l'île de Skiathos en s'approchant de l'aéroport les passagers peuvent voir deux îlots devant la baie et le port. L'un a une côte rocheuse et est envahi par des plantes et des arbres égéens. L'autre est légèrement plus grand, d'environ deux kilomètres et demi de long sur un kilomètre et demi de large. Il est envahi par une forêt dense et il y a une église au sommet de la colline.

Ma femme et moi venons régulièrement à Skiathos, une île dont nous sommes amoureux et comptons souvent les jours en attendant un nouvel été et de nouvelles vacances, pour qui sait combien de fois nous avons hâte de revoir ce joyau de l'archipel des Sporades.

Une minute ou deux avant l'atterrissage mon cœur bat toujours d'excitation, comme si c'était la première fois que j'y arrivais. En regardant cet îlot plus grand avec une petite église et des arbres qui semblent s'élever du bleu de la mer Égée, je me rappelle toujours que les Beatles voulaient y vivre et créer.

Ils avaient l'intention d'acheter cet îlot, Tsougria.

Lorsqu'ils l'ont vu ils ont d'abord été ravis car c'était ainsi qu'ils imaginaient un petit paradis hippie où ils pourraient méditer sans être dérangés.

Mais, dans un enthousiasme sincère pour les valeurs de la philosophie indienne et de la compréhension orientale de la vie, dans l'esprit hippie de liberté d'exprimer ses sentiments et de ne pas renoncer aux plaisirs du monde, parmi lesquels celui de fumer du cannabis, ils ont annoncé naïvement et maladroitement que le cannabis devrait être légalisée, comme le feraient un jour les autorités néerlandaises, en tant que première en Europe.

Cependant, les autorités grecques ont compris cela non seulement comme le reflet de la volonté des Beatles de travailler et de créer en paix, mais aussi comme le danger que Tsougria et Skiathos se transforment en îles envahies par la drogue et les hippies avec des fleurs dans les cheveux. Ils ont refusé leur demande et l'intention d'acheter l'île paradisiaque a échoué.

Déçu, Paul McCartney a ironiquement dit après tout que le meilleur moyen de ne pas acheter une île grecque est de venir la voir.

En fin de compte, Ringo Starr était le plus heureux, car au fond de son âme, il était contre le fait de quitter l'Angleterre, convaincu qu'il est plus approprié, s'ils persistent dans l'intention d'acheter une île commune, de le faire dans leur propre pays.  


Plage d'Aghios Floros 

Aujourd'hui, l'îlot de Tsougria est encore inhabité, et des bateaux partent chaque jour du port pour vous emmener vers ses plages isolées d'une beauté immaculée. Parmi les visiteurs, il y a certainement ceux qui aiment la musique des Beatles, comme l'auteur de ces lignes.

Parmi les visiteurs, en particulier ceux des milieux à la mode, la coutume s'est établie selon laquelle les jeunes mariés se marient sur la plage locale d'Aghios Floros. 

Plage d’Achladies 



Plage Lalaria

Sept Marches 

Et enfin, vous ne pouvez pas dire que vous êtes allé à Skiathos si vous n'avez pas visité un endroit appelé les Sept Marches. Ce lieu emblématique doit son nom (Seven steps) aux amateurs de cocktails et de rock 'n' roll. En effet, sur le sentier pédestre partant du vieux port vers la colline avec l'église de Tris Ieràrches, il y a une montée douce sous forme des escaliers. Ce ne sont pas des escaliers ordinaires, car ses sept marches sont suffisamment spacieuses pour qu'il y ait de la place pour une douzaine de personnes sur chacun. Et le terme place ne fait pas référence à des chaises, mais à de grands coussins disposés sur les « marches » sur lesquels on peut s'asseoir, voire s'allonger à sa guise et détendez-vous tout en écoutant le son de la musique rock 'n' roll provenant des haut-parleurs du café rock. 

Le personnel du café se faufile habilement entre les coussins et les jambes des clients, leur servant des cocktails exotiques; bien sûr, pour ceux qui ont la chance de trouver une place libre. De l'après-midi, lorsque le happy hour commence, jusqu'au petit matin.

Je laisse au lecteur estimé le soin d’imaginer ce que l’on ressent, par une agréable nuit d’été, en écoutant « I Saw Her Standing There » des Beatles, « The Crystal Ship » des Doors, « Behind Blue Eyes » des Who ou « Black Hearted Love » de la déesse du rock and roll, la magnifique PJ Harvey et John Parish, sur un Tequila Sunrise, Grasshopper ou Singapore Sling, pendant que « toute l’île » défile devant vous.


blazo_guzina (blazoguzina.yolasite.com)



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